[Accueil]

Webmaster

Histoires de la médecine

 

III. HISTOIRE DE L'EPIPHYSE

 

Etymologiquement, épiphyse signifie "excroissance supérieure" du cerveau. Sa taille et son poids sont très variables chez l'homme, allant de 95 à 1890 milligrammes. Elle est située derrière le troisième ventricule, juste au dessus de l'aqueduc de Sylvius collée aux tubercules quadrijumeaux.

 

Les premières descriptions de l'épiphyse semblent remonter très loin, à l'école d'Alexandrie. Voici celle due à Galien dans "De l'Utilité des parties du corps Humain" Chapitre XIV livre 8ème "revenant aux parties qui viennent après le ventricule moyen, considérons le corps situé à l'entrée du canal, corps qui relie ce ventricule au cervelet, appelé conarium par ceux qui s'occupent de dissections, et cherchons en vue de quelle utilité ce corps a été créé. Par sa substance, c'est une glande ; par sa figure, il est très semblable à une pomme de pin, d'où lui vient son nom".

 

En 1306, l'ouvrage d'anatomie de Mondino et Luzzi décrit le Conarium, description reprise en 1502 par Zerbi dans "Liber Anatomia corporis humani et singulorum membranum illius" publié à Venise. En 1514, Vésale en signale aussi l'existence. En 1561, Ambroise Paré écrit : "c'est une petite glande de la mesme substance du cerueau, ronde et oblongue en forme de pomme de pin à cause dequoy a été nommée conarium ; laquelle est située vis-à-vis du petit trou qui descend au dernier ventricule, estant attachée aux parties latérales d'iceluy et partie basse, par continuation de la substance de ladite glande et du cerueau". Quant à la fonction de l'épiphyse, il écrit : "quelques uns pensent que son utilité est la même que celle du pylore. Ils disent en effet que le pylore est une glande et qu'il empêche l'aliment de passer de l'estomac dans l'intestin grêle avant d'être élaboré. Ils prétendent que le conarium, situé à l'entrée du canal qui du ventricule moyen transmet le pneuma dans le ventricule du cervelet, est le surveillant et comme l'économe qui décide de la quantité de pneuma qui doit être transmis"... "Quant à cette glande conoïde qui ressemble à une pomme de pin et qui remplit la bifurcation de la grande veine, d'où dérivent presque tous les plexus choroïdes des ventricules antérieurs, je crois qu'elle existe en vue de la même utilité que les glandes chargées de consolider les bifurcations des veines. En effet, la position du conarium est, sous tous les rapports, la même que celle des glandes analogues dont le sommet soutient les parties de la veine à l'endroit où elle se bifurque".

 

Au XVIIème siècle, les auteurs émettront les opinions les plus diverses sur les fonctions du conarium. En 1641, De Graaf est le premier à décrire les concrétions calcaires si fréquentes de cet organe; C'est Thomas Willis qui, en 1664, aurait le premier parlé de glande pinéale.

 

En 1785, Sömmering énonce très clairement que l'apparition de concrétions calcaires est un phénomène normal débutant après la quinzième année.

 

L'étude du rôle de l'épiphyse subit un regain d'intérêt quand Descartes soutint que cette glande était le siège de l'âme. Dans une lettre datée de Janvier 1640 il dit : "... mon opinion est que cette glande est le principal siège de l'âme et le lieu où se font toutes nos pensées. La raison qui me donne cette créance est que je ne trouve aucune partie en tout le cerveau, excepté celle là seule, qui ne soit double. Or est-il que, puisque nous ne voyons qu'une même chose des deux yeux, ni n'oïons qu'une même voix des oreilles et enfin que nous n'avons jamais qu'une pensée en même temps, il faut de nécessité que les espèces qui entrent par les deux yeux, ou par les deux oreilles, s'aillent unir en quelque lieu, pour être considérées par l'âme ;il est impossible d'en trouver aucune autre en toute la tête que cette glande..." Selon lui, "quand on veut marcher, ou mouvoir son corps de quelque façon, cette volonté fait que la glande pousse les esprits qui servent à cet effet".

 

En 1668, Sténon critiquera les observations anatomiques de Descartes "les figures expriment peu fidellement les parties qu'elles devroient représenter", alors que Sylvius écrit "le conarium est commis à la distribution de l'esprit animal". En 1690, Dionis note dans son Anatomie de l'Homme "plus cette glande est petite, plus l'esprit est vif parce qu'un petit corps est plus aisé à mouvoir qu'un gros". En 1760, Morgagni relate qu'il a disséqué le corps d'un enfant de 13 ans de beaucoup d'esprit et d'intelligence. Or, chez cet enfant, "la glande pinéale fixait les regards des spectateurs par sa grosseur extraordinaire... cette dernière particularité... ne manque pas d'être notée dans un temps où l'on regarde presque généralement cette glande comme le siège de l'âme pensante".

 

En 1887, Peytoureau verra dans cet organe un "troisième oeil atrophié". On essaye par la suite de prescrire des extraits d'épiphyse, de l'enlever... tout cela sans conclusions bien évidentes. Vient ensuite l'ère histologique, puis les recherches physiologiques, biochimiques et enzymologiques.

 

[Anatomie du Système Nerveux] [Les Grandes Fonctions] [Explorations et Pathologie] [Histoires de la médecine] [Glossaire] [Téléchargements]